Hearing with human rights defenders in Benin [EN/FR]

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Rencontre avec des défenseur·e·s des droits humains au Bénin

J’ai récemment organisé une rencontre en ligne avec un groupe de défenseur·e·s des droits humains du Bénin, qui travaillent sur les droits des personnes LGBTIQ+, des personnes handicapées, des personnes atteintes d’albinisme et les droits des femmes. Ils m’ont décrit les pressions auxquelles ils sont confrontés et l’hostilité dont ils font l’objet en raison de leur travail en faveur des droits des groupes marginalisés au Bénin.

Ceux qui défendent les droits des personnes LGBTIQ+ m’ont expliqué que leurs activités étaient étroitement surveillées par la police, qui perturbe régulièrement leurs réunions. Un défenseur des droits humains a raconté que, récemment, des policiers avaient fait irruption lors d’un rassemblement de jeunes LGBTIQ+ et avaient exigé que les organisateurs se présentent au commissariat. Certains défenseurs m’ont confié avoir été suivis par des voitures ou surpris des individus suspects rôdant autour de leur domicile. L’un d’eux m’a raconté qu’il avait été délibérément renversé par une voiture, l’empêchant de se rendre à une réunion.

Les personnes qui œuvrent pour mettre fin à la violence et à la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont souvent accusées de « promouvoir l’homosexualité » et présentées comme des personnes qui « salissent » et « sabotent » la société béninoise. Un défenseur a souligné que, bien que le gouvernement ne nie désormais plus l’existence même de la communauté LGBTIQ+, il continue de traiter les défenseurs des droits LGBTIQ+ comme s’ils étaient des opposants. Un autre défenseur a même reçu des menaces directes de la part d’un membre du gouvernement. Par ailleurs, la société béninoise dans son ensemble reste plutôt fermée d’esprit à l’égard des minorités sexuelles, certaines ONG refusant même de travailler avec des groupes LGBTIQ+.

J’ai également entendu le témoignage d’une défenseuse appartenant à la première association trans du Bénin, qui m’a expliqué les risques encourus au quotidien par les personnes dont les documents officiels ne correspondent pas à leur identité de genre. Les rencontres avec la police peuvent alors prendre une tournure violente. Dans le cadre professionnel, certains collègues refusent de collaborer. Le manque de reconnaissance légale crée d’énormes obstacles et place les personnes concernées dans une situation de vulnérabilité permanente. Les défenseurs des droits humains transgenres ont également souvent du mal à accéder au soutien dont ils ont besoin.

Malgré ces difficultés, les défenseurs des droits des personnes LGBTIQ+ ont réussi à remporter des victoires incroyables, notamment lorsqu’elles ont obtenu justice dans des cas de violences contre des membres de la communauté, ou lorsque le gouvernement a officiellement accepté des recommandations relatives aux droits LGBTIQ+ au sein d’instances internationales.

Un autre défenseur, qui travaille à l’intersection des droits des personnes handicapées et des droits des personnes LGBTIQ+, a fait état des préjugés, du harcèlement et des intimidations dont il est victime, en particulier en ligne, ainsi que des obstacles qui entravent considérablement l’accès à l’emploi et la pleine participation à la société des personnes handicapées.

J’ai également entendu le témoignage d’une défenseuse des droits des personnes atteintes d’albinisme. Elle a décrit les mythes et la stigmatisation qui entourent ces personnes, les discriminations dont elles sont victimes au quotidien et les risques de violence rituelle qui continuent de menacer leur communauté. Elle a fait part des tentatives d’enlèvement dont elle a elle-même été victime à plusieurs reprises. Les femmes et les filles atteintes d’albinisme sont particulièrement visées, victimes de fausses croyances selon lesquelles les rapports sexuels avec elles permettraient de guérir du sida. Ces risques font qu’il est difficile pour les personnes atteintes d’albinisme, en particulier les femmes et les filles, de faire confiance aux autres ou de se déplacer librement.

Les défenseuses des droits humains œuvrant en faveur des droits sexuels et reproductifs ont évoqué le cyber-harcèlement incessant, la stigmatisation et l’exclusion de certains espaces dont elles font l’objet. L’une d’entre elles m’a parlé du flot d’insultes qu’elle reçoit en ligne, en particulier lorsqu’elle milite en faveur de l’accès à l’IVG, un sujet qui reste tabou malgré l’adoption d’une loi progressiste en 2021. Une autre a expliqué qu’être perçue comme féministe et activiste l’exposait au risque d’être accusée de suivre des « logiques des Blancs » et poussée au silence. Plusieurs défenseuses ont déclaré que cette hostilité les obligeait à s’autocensurer et à limiter leurs prises de position en ligne.

Ce qui est clairement ressorti lors de cette rencontre, c’est que les personnes qui œuvrent pour la protection des groupes marginalisés au Bénin agissent dans un climat de méfiance et d’hostilité, où le harcèlement, la stigmatisation et la violence sont des risques quotidiens. Malgré cela, elles persévèrent. Elles restent déterminées à défendre les droits des autres et à tisser des liens entre les communautés. J’exhorte vivement le gouvernement béninois à enfin commencer à considérer ces défenseur·e·s comme des allié·e·s plutôt que comme des adversaires, et à leur apporter le soutien et la protection dont ils ont urgemment besoin. J’ai l’intention de continuer à suivre la situation et à échanger avec les autorités sur les questions soulevées au cours de cette rencontre.

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