République démocratique du Congo : les attaques contre les défenseurs des droits humains doivent cesser, selon une experte de l’ONU
GENEVE, 19 juin 2024 – Une experte de l’ONU s’est dit aujourd’hui alarmée par le nombre croissant de défenseurs des droits humains pris pour cible en République démocratique du Congo (RDC), en particulier dans les villages et les provinces de l’est du pays, à mesure que le conflit armé s’intensifie.
« Les attaques, les intimidations et les assassinats de défenseurs des droits humains se poursuivent quotidiennement en République démocratique du Congo, malgré les appels répétés aux autorités à intensifier leurs efforts pour enquêter sur les violations des droits humains dans le pays, arrêter et traduire les auteurs en justice », a déclaré Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.
De juin 2023 à avril 2024, le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme en RDC a documenté des cas d’intimidation, de menaces de violence physique, des attaques et des actes de représailles visant 387 défenseurs des droits humains et 67 journalistes, perpétrés à la fois par des agents de l’État et des groupes armés.
Lawlor a noté que deux défenseuses des droits humains, membres du Mouvement des jeunes pour le changement (LUCHA), étaient confrontées à des violences et à des menaces de mort de la part du groupe armé Twigwaneho depuis novembre 2023.
« Lorsque LUCHA a organisé des manifestations publiques en réaction aux récentes attaques contre leur village dans la province du Sud-Kivu, le groupe rebelle a envoyé des forces armées pour les arrêter, les forçant à fuir et à se cacher. Aujourd’hui encore, elles continuent de recevoir des menaces de mort et de vivre cachées », a déclaré l’experte. L’une des mères a été enlevée par le même groupe rebelle en février 2024 et aurait été exécutée pour ne pas avoir révélé où se trouvait sa fille.
Obedi Karafuru, défenseur des droits humains et chef du comité des travailleurs, a été abattu par des hommes non identifiés dans son village natal du territoire de Rutshuru, contrôlé par les rebelles, dans la province du Nord-Kivu. La Rapporteuse spéciale a noté qu’il s’efforçait d’obtenir une compensation équitable pour les anciens travailleurs d’un projet forestier et qu’il se plaignait depuis quatre ans auprès des autorités de menaces de mort contre lui et ses collègues. “Aucune enquête n’a été ouverte sur ce meurtre”, a déclaré Lawlor.
Un défenseur des droits humains a reçu des menaces de mort en février 2022 lorsqu’il a remis en question l’efficacité de l’état d’urgence décrété par le gouvernement au Nord-Kivu, affirmant que les autorités n’avaient pas réussi à garantir la sécurité de la population. “Les menaces de mort l’ont contraint à se cacher, les autorités de l’État n’ayant jamais répondu à son appel à la protection”, a déclaré l’experte. Quatre défenseuses des droits humains de l’organisation dirigée par les femmes Tous pour la Paix et la Cohésion Sociale ont été victimes d’enlèvements et de violences à la suite d’activités qu’elles ont organisées autour des droits des femmes.
L’experte a noté que la RDC a adopté en 2023 une loi sur la protection des défenseurs des droits humains, qui répond aux normes internationales minimales et assure une protection particulière aux femmes défenseurs des droits humains ainsi qu’une protection physique des défenseurs des droits humains et de leurs familles.
« De nombreuses exécutions de défenseurs des droits humains sont précédées de menaces de mort », a déclaré Lawlor, faisant référence au rapport qu’elle a présenté au Conseil des droits de l’homme en 2021. « Si l’intégrité physique des défenseurs des droits humains n’est pas garantie, ils ne pourront pas pleinement exercer leurs fonctions et contribuer à la construction d’une société juste et respectueuse des droits humains », a-t-elle déclaré.
« J’appelle les autorités de la RDC à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir un espace de travail sûr et la protection des défenseurs des droits humains, ainsi qu’à garantir l’exercice de leurs droits à la liberté de réunion et d’association pacifiques et à enquêter de manière efficace et fiable sur tous les cas d’exécutions conformément aux normes internationales, notamment le Protocole du Minnesota, et traduire les responsables en justice », a déclaré Lawlor.
L’experte est en contact avec le Gouvernement de la RDC sur ces cas.
FIN
Mary Lawlor est la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.
Adhèrent à ce communiqué de presse Gina Romero, Rapporteuse spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association; et Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.
Democratic Republic of Congo: Targeting human rights defenders must stop, UN expert says
GENEVA (19 June 2024) – A UN expert today expressed alarm at increasing targeting of human rights defenders in the Democratic Republic of Congo (DRC), particularly in villages and provinces in the east of the country, as the armed conflict intensifies.
“Attacks, intimidation and killings of human rights defenders continue on a daily basis in the Democratic Republic of Congo, despite repeated calls for authorities to step up efforts to investigate human rights violations in the country and arrest and bring perpetrators to justice,” said Mary Lawlor, Special Rapporteur on the situation of human rights defenders.
From June 2023 to April 2024, the United Nations Joint Human Rights Office in the DRC documented incidents of intimidation, threats of physical violence, attacks and acts of reprisals targeting 387 human rights defenders and 67 journalists, perpetrated by both State agents and armed groups.
Lawlor noted that two women human rights defenders, members of the Youth Movement for Change (LUCHA), had been facing violence and death threats from Twigwaneho armed group since November 2023.
“When LUCHA organised public protests against recent attacks on their village in the South Kivu province, the rebel group sent armed forces to arrest them, forcing them to flee and go into hiding. To this day, they continue to receive death threats and live in hiding,” the expert said. One of the women’s mothers was abducted by the same rebel group in February 2024 and reportedly executed for not revealing her daughter’s whereabouts.
Obedi Karafuru, a human rights defender and head of the workers’ committee, was shot dead by unidentified men in his home village in rebel-held Rutshuru territory in North Kivu province. The Special Rapporteur noted that he had been working to secure fair compensation for former workers on a logging project and had been complaining to authorities for the past four years about death threats against him and his colleagues. “No investigation has been opened into the murder,” Lawlor said.
A human rights defender received death threats in February 2022 when he questioned the effectiveness of the Government’s state of emergency in North Kivu, stating that authorities had failed to guarantee the safety of the population. “The death threats forced him into hiding, as State authorities never responded to his call for protection,” the expert said. Four women human rights defenders from the women-led organisation Tous pour la Paix et la Cohésion Sociale, have been victims of kidnapping and violence following activities they organised around women’s rights.
The expert noted that the DRC adopted a law on the protection of human rights defenders in 2023, which meets the minimum international standards, and ensures special protection for women human rights defenders as well as physical protection of human rights defenders and their families.
“Many executions of human rights defenders are preceded by death threats,” Lawlor said, referring to the report she presented to the Human Rights Council in 2021. “Unless the physical integrity of human rights defenders is guaranteed, they will not be able to fully contribute to the construction of a just society that respects human rights,” she said.
“I call on authorities in the DRC to take all necessary measures to ensure a safe working space and protection for human rights defenders, as well as to guarantee the exercise of their rights to freedom of peaceful assembly and association and to effectively and reliably investigate all cases of executions in accordance with international standards, including the Minnesota Protocol, and bring those responsible to justice,” Lawlor said.
The expert is in contact with the Government of the DRC on these cases.
ENDS
Mary Lawlor is the Special Rapporteur on the situation of human rights defenders.
This statement is endorsed by Gina Romero, Special Rapporteur on the rights to freedom of peaceful assembly and of association; Morris Tidball-Binz, Special Rapporteur on extrajudicial, summary or arbitrary executions.